Benjamin







Albert est né le 8 juillet 1901 à Lutomierks, un village polonais aujourdhui banlieue de Lodj, qui faisait encore partie de lEmpire russe au début du siècle.
Il vit dans une famille très modeste et s’imprègne, durant sa jeunesse de la culture et des traditions  religieuses de la population juive très nombreuse dans cette région.
Cette première expérience se retrouvera plus tard dans quelques-uns des thèmes de sa peinture.

En 1920, à l’âge de 19 ans, il quitte la Pologne - qui avait retrouvé son indépendance en 1918- au moment où se multiplient les pogroms mais aussi où les jeunes polonais sont contraints de s’engager dans l’armée d’un pays qui était entré en guerre.

Il part pour l’Allemagne après un passage bref à Anvers en Belgique.
Il restera plus de dix ans à Berlin - où il fera ses études à l’école des Beaux Arts-, et à  Hambourg, où il contribue notamment au début des années 30, en tant qu’illustrateur, au « Hamburger Familienblatt » un hebdomadaire qui tirait à 36 500 exemplaires, journal plutôt ouvert, destiné à des lecteurs de la communauté juive.
Quelques croquis d’étude témoignent aussi de son passage à Brème.

Bien qu’ayant quitté la Pologne en 1920, ce n’est qu’en 1926 qu’il perd la nationalité polonaise. 


C’est la montée du nazisme en Allemagne, et son combat contre les chemises brunes, qui le font à nouveau changer de pays en 1933.

Il rejoint alors la France où Il se marie à Paris dans le 3ème arrondissement le 15 mai 1934 avec Laja Herzog qui avait elle même quitté la Pologne en 1930.


 

 En 1939, en tant qu’apatride (personne sans nationalité, sans patrie), étant refusé par l’armée française, il essaie d’intégrer la légion étrangère sans succès. Il est finalement engagé dans les auxiliaires de l’armée britannique, suit l’armée anglaise remontant vers le Nord pour renforcer les troupes se battant en Belgique. Après la chute de Dunkerque où tous les anglais n’ont pu embarquer, l’armée se replie par voie de terre pour embarquer à Bayonne ou à Biarritz. Il ne parvient pas pour autant à s’embarquer avec eux pour l’Angleterre. Coincé en zone libre, il va à Perpignan à pied.  Il y est rejoint  grâce à un passeur de la Résistance, par sa fille Hélène à la fin de l’année 1941.

  Malgré l’insistance de son frère Léon et de sa belle sœur Résia qui la supplie de quitter Paris pour les rejoindre à Lille, Laja, la femme d’Albert et son fils de 3 ans Louis, restés à Paris, seront arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942 dans leur appartement du 9ème arrondissement où elle avait monté un atelier de couture.
Louis immédiatement séparé de sa mère, sera d’abord envoyé dans une pension de l’UGIF (Union Général des Israelites de France), puis adopté sous une identité qui n’était pas la sienne par la famille Bonan, qui restera ami et en contact avec la famille d’Albert pendant longtemps.
Laja sera envoyée seule à Beaune-la-Rolande, antichambre des camps de concentration. Ne supportant pas cette séparation brutale pendant le Vel d’Hiv d’avec son très jeune fils, elle est transférée, choquée et désorientée, à l’hôpital de Fleury-les-Aubrais où elle restera jusqu’à la fin de la guerre pour y être soignée, ce qui la sauvra des camps.

  En septembre 1942, Albert se réfugie en Suisse avec sa fille Hélène alors âgée de huit ans. Après un passage épique de la frontière, Ils sont d’abord envoyés dans un camp de triage, puis en observation dans un autre camp à La Tour Haldimont. Hélène sera confiée successivement à trois familles d’accueil (dans lesquels elle ne se fera pas toujours bien traitée) et Albert  sera dirigé par les autorités suisses à Möhlin, dans un camp de travail près de Bâle ou il sera affecté au défrichage des terres destinées à accroître les zones cultivables. Il y restera jusqu’en 1945. Quelques toiles ou croquis de cette période retracent cet épisode de sa vie notamment son passage, clandestinement, de la frontière entre la France et la Suisse, et quelques scènes de la vie du camp de travail.

  En 1945, Albert revient à Paris, réunit sa famille très dispersée pendant toute la durée de la guerre. Ses parents, frère et sœur, restés en Pologne ont alors tous disparu.

III)

 Cet itinéraire un peu chaotique a bien sur inspiré ses travaux qui couvrent un large champ : scènes de la vie religieuse, vie dans les camps de travail, mais aussi paysages, natures mortes, portraits, caricatures. A l’occasion il est aussi graveur, sculpteur et concepteur publicitaire.

  A Paris, Il côtoie dautres peintres notamment David Murginsky et Jean Markiel avec lesquels il forme un petit groupe soudé. Il expose dans divers salons (Salon d’Automne, Salon d’Hiver, Salon des Indépendants) et galeries parisiennes notamment rue de Seine.

  Pendant les dix dernières années de sa vie, il travaille, en tant que dessinateur illustrateur, au Shape (Camps des Loges) où s’était établie l’armée américaine.

  Il décède d’un infarctus, à Paris, le soir de Noël 1963 à l’âge de 62 ans.

  Ses tableaux, dessins, illustrations sont dispersés un peu partout dans le monde.

  Ce livre, reprenant les photos de quelques-uns de ses travaux, ne se veut pas, de ce fait, un catalogue raisonné mais un recueil très partiel de ce qui a pu être retrouvé.

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