Georges
G. de Colonb Bechart, Algérie
Date
de naissance : 9 novembre 1939
Lieux
de naissance : COLOMB BECHART, Algérie
Situation
familiale : Marié, une fille, deux petits enfants.
Il a 2 sœur et 2 frères.
Dates
de l’exil : 1962 à l’âge de 23 ans.
Métier
– Formation : Il était Étudiant avant l’exil puis il a été
Manutentionnaire et Ingénieur
Lieux
de départ et arrivée : Alger – Marseille
« J’ai choisi d’écrire sur mon grand-oncle,
qui souhaite garder l’anonymat, car son histoire emplie de courage et de
bravoure m’a beaucoup intéressée. J’ai la chance d’être né dans un pays qui
n’est pas en guerre et dans lequel nous avons tous des droits. Cela n’a pas été
son cas.
Les pieds noirs
sont des français qui sont nés en ALGERIE. Mon grand- oncle est juif.
C’est un pied noir d’ALGERIE. Il est né dans ce pays dans lequel il a
appris à parler la langue arabe avant de parler la langue française à l’âge de
7 ans. Toute sa famille vivait en ALGERIE, dans une petite ville saharienne qui
s’appelle Colomb Béchar. Ainé d’une famille de 5 frères et sœurs, il avait en
l’absence de son père, dès son plus jeune âge, et, comme la coutume l’exigeait,
pris la place du patriarche. Il avait 4 amis très proches avec lesquels il est
allé à l’école, au collège et au lycée à ORAN et à MASCARA. Ils jouaient dans
le désert après les cours avec le peu de choses que l’on trouve dans ces
endroits arides, tel que le sable, les scorpions… mon grand-oncle avait
comme animal domestique une chèvre, un chien et une gazelle.
La guerre
d’Algérie a éclaté le 1er novembre 1954 alors qu’mon grand-oncle n’avait
que 14 ans. Ils ont ensuite été affectés dans différentes régions
d’Algérie. Mon grand-oncle s’est retrouvé dans un petit village entre
Orléans ville et Alger. Il a fait la guerre et a été décoré 5 fois.
En 1962,
l’ALGÉRIE est devenue indépendante et la guerre a pris fin. Dès lors, tous les
français d’Algérie ont dû quitter leur pays laissant tout derrière eux à part
deux valises. Ils sont partis dans les différents pays qui les accueillaient.
Mon grand-oncle,
en tant que militaire, a été rapatrié en bateau et a donc quitté l’Algérie sans
repasser voir sa maison ni sa famille et sans une seule valise. Ce fut un
voyage long, un jour et demi et marqué par la tristesse de quitter son pays, les
siens ses souvenirs. Ni une photo, ni un souvenir, ni ses parents à ses côtés,
rien, seulement l’espoir d’un jour pouvoir les retrouver. Il a débarqué à
MARSEILLE et a rejoint Paris. À ce moment-là il ne savait pas où se trouvaient
ses parents et n’avait que 20 francs en poche. Il s’est souvenu qu’une de ses
tantes vivait dans le 16ème arrondissement. Il est alors allé la trouver et
c’est elle qui lui a donné l’adresse de ses parents. Ces derniers se trouvaient
dans un hôtel du 14ème arrondissement, Ils dormaient à 6 dans une chambre. La
joie et l’émotion furent grande lorsque mon grand-oncle retrouva sa famille
mais tous leurs problèmes n’étaient pas réglés car ils devaient trouver un
moyen de gagner leur vie afin de se nourrir et de trouver un logement.
Mon grand-oncle,
qui avait alors 22 ans, a trouvé une place comme agent de planning dans une
usine. A l’occasion, il a découvert la mécanographie qui était le départ de
l’informatique. Après son travail, il restait le soir pour s’initier à cette
nouvelle matière jusqu’au jour où IBM lançait le premier ordinateur en FRANCE. Il
allait danser le rock le dimanche après-midi et c’est de cette façon qu’il a rencontré
ma grande tante, la sœur de ma grand- mère. Ils ont décidé de se marier au bout
d’une semaine. Le lendemain de la soirée du mariage mon grand-oncle passait
ses premiers tests chez IBM, sur 50 élèves, lui et 4 autres seulement avaient
été retenus. IBM lui a donné comme mission d’installer chez un client le
premier ordinateur en France. A l’âge de 29 ans, il a pu monter sa première
société d’informatique, puis 7 autres au fur et à mesure des années dont deux à
l’étranger et dont la dernière a été côté en bourse. A 61 ans, alors qu’il
était à la retraite, A.B a passé une licence d’astrophysique.
Aujourd’hui,
il se souvient de tout, de l’Algérie, de son enfance merveilleuse et libre, de
la douceur de la vie saharienne, de l’odeur de la cuisine épicée qui
s’échappait de sa maison. Son seul regret, ne pas avoir pu repasser chez lui à
la fin de la guerre pour emmener des photos, des souvenirs. Ses parents étant
décédés, il est désormais la mémoire de cette vie. »
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