Konrad




Nom: Orszulak
Prénom: Joanna
Date et lieu de naissance: 9 octobre 1973 à Piotrkow Trybunalski en Pologne
Situation familiale : célibataire, 2 frères et 3 sœurs

Métier/ Formation : simple BAC
Dates de l'exil : 18 février 1996

Joanna : Tout commença par mes grands-parents, surtout ma grand-mère tombée malade. Je fus obligée d'aller à la campagne pour aider mon grand-père qui était aux champs. Alors commença pour moi une vie difficile.
Tous les matins je devais me lever tôt pour aller travailler aux champs puis me rendre à l'école. Après l'école, il fallait encore retourner aux champs s'occuper de ma grand-mère et faire mes devoirs. Je n’allais dormir que très très tard, après avoir fait tout ce travail.

Après le BAC, une de mes copines partit en France pour trouver du travail. Elle avait là-bas une tante et elle m'avait dit que si elle trouvait du travail et un logement, elle m'appellerait pour que je vienne la rejoindre.
L'aventure me tentait énormément. Je voulais trouver un travail à l'étranger.
Un jour elle m’appela en me disant de venir en France la rejoindre. Mon grand-père n'était pas très content de cette idée mais il me laissa prendre mon envol. Je fis un long voyage d'à peu prés 26 h en autocar. Je fis la route  de Medrzechow à Paris.


Arrivée à Paris je fus totalement perdue : je ne connaissais ni la langue ni cette grande ville, ni personne sauf mon amie qui avait une petite chambre dans le 14e arrondissement.

C'était un petit espace de 12m2, au 6e étage sans ascenseur, avec les toilettes sur le palier, que l'on payait 900 Francs. C’était extrêmement cher à l'époque.
La tante de ma copine nous dit qu'il y avait une femme âgée polonaise qui pouvait nous aider à trouver du travail.
Peu de temps après, elle me recommanda pour un travail de femme de ménage. Nous travaillions beaucoup et nous gagnions seulement 35 Francs/heure.
Nous avions rencontré chez les bonnes sœurs, une polonaise qui avait étudié le français en Pologne et tous les samedis, elle nous apprenait le français pendant une heure pour 50 francs.
Ce qui nous faisait peur, c'était la police. A l’époque, la Pologne n'était pas dans l’union Européenne. Il fallait donc rentrer en Pologne tous les 3 mois pour avoir un tampon dans le passeport. Nous n'avions pas de papier Français. Nous avions constamment peur de nous faire jeter du pays.
Quand des policiers passaient à coté de nous, on se décalait à chaque fois. Nous les fuyions.
Nous n’étions pas déclarées, donc nous n’avions pas de sécurité sociale ni de mutuelle. On gagnait 35 francs de l'heure. Nous devions beaucoup travailler pour pouvoir payer notre loyer, nos cours de Français. De plus, il fallait bien manger. Si nos employeurs partaient en vacances nous n’étions pas payées, donc il fallait économiser pour les vacances.
Quand nous étions malades, nous devions nous soigner seules car les médicaments étaient beaucoup trop chers pour nous. Les médicaments n'étaient pas remboursés car nous n'avions pas de sécurité sociale. Nous étions extrêmement économes.
Finalement, ma copine repartit en Pologne ou elle se maria. Elle m’invita à son mariage. Jamais je ne me serais doutée que c'est à ce mariage que je rencontrerais mon futur mari, Jacek.


Jacek : En sortant de l'armée, j’étais chez mes parents quand ils me demandèrent de les accompagner à un mariage. Je n'avais pas du tout envie d'y aller car j'étais sûr de m'ennuyer. Je n'étais même pas en costume ! J'avais juste mon baladeur et mes écouteurs. J'étais resté dans la voiture à attendre mes parents car je n’étais pas réellement invité ! Plusieurs personnes étaient venues me chercher. C’est alors que je la remarquai ! Je me décidai à aller à sa rencontre… Elle travaillait en France. Durant quatre mois, nous nous écrivîmes. C'était difficile de rester éloignés l’un de l’autre.
Je me suis décidé à venir la rejoindre en France en autocar. Pour moi, cela fut plus simple : un logement et une femme m'attendaient. Il ne me restait plus que la langue et le travail.
J'avais déjà un bac professionnel en électricité. Cela m’orienta donc vers le secteur du bâtiment. Je trouvai un travail et m’insérai assez rapidement. Puis nous trouvâmes un appartement à Porte de Saint-Cloud.
En juillet 2002, nous sommes rentrés en Pologne pour nous marier. Notre premier enfant est né en 2003. Nous avions alors déjà emménagé à Clamart. En 2008 est né notre deuxième garçon. J’ai créé mon entreprise de rénovation en 2010 et ma femme a obtenu un CAP Petite enfance et travaille maintenant dans une crèche. 
Il y a un an nous avons acheté un bel appartement.

Partis de rien, en exil, sans aucun bagage, sans la langue, ils ont réussi à s’intégrer et à construire leur vie dans un monde étranger pour eux.
Konrad


 


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