Jeanne
Monique R
Date et lieu
de naissance : 3 septembre 1937 à Caen
Situation
familiale : Parents mariés, ils ont deux enfants ; un petit garçon de
1 ans nommé Joël et une petite fille de 7 ans ; ma grand-mère nommée
Monique.
Métiers-Formation :
Elle était à l’école, plus exactement en CP.
Dates de la
fuite : Juin 1944 (le d-Day plus exactement)
Lieux de
départ et d’arrivée : Elle a fui de Caen jusqu’à Chalais en Charente
Maritime.
Pourquoi
est-elle partie ? Elle a fui car les Alliés débarquaient et les Allemands
les ont obligés à fuir.
J’avais 7 ans, Caen, Juin 1944 :
Je sors de mon lit et je dévale comme chaque matin les escaliers pour aller
prendre mon petit déjeuner, mais en descendant je vois mes parents accompagnés
de mes grands-parents en train de ranger des sacs posés sur la table de la
cuisine.
Je ne comprends pas. Que se passe-t-il ?
Je m’approche de la fenêtre pour observer le ciel mais il
n’est plus là, il a disparu derrière la masse sombre d’avions Américains et
Anglais.
Mes yeux deviennent tout ronds et je comprends soudainement qu’il faut qu’on parte! Les Alliés
viennent enfin nous délivrer, en bombardant les Allemands qui occupent
actuellement Caen.
D’un coup, trois Allemands ouvrent la porte de notre maison
et crient « gehen sie ! gehen sie ! »
Papa attrape une veste et me la met en vitesse puis, il me prend
par le bras et attrape deux sacs remplit de provisions pour le voyage tout en
sortant le plus vite possible.
Maman, elle, prend mon petit frère dans ses bras âgé d’un an
et prend un sac.
Mes grands-parents nous suivent avec un sac chacun et on
avance très vite, je demande à Papa « on reviendra hein ? On ne va
pas laisser la maison seule ? »
Papa me regarde tristement et me répond « je ne sais
pas Monique, peut-être qu’elle sera détruite par les bombardements, mais quoi
qu’il arrive il faut fuir !
Apres trois jours de marche sans jamais manger ou très peu,
on s’arrête enfin dans un petit village.
Je n’ai plus de jambes, je suis fatiguée et j’ai faim. Mes chaussures sont déjà
toutes usées à force de marcher… Joël,
mon petit frère , à besoins de lait, j’espère qu’on en trouvera dans ce
village.
Après avoir passé une nuit à dormir dans une ferme, couchés
sur de la paille, on repart pour plusieurs jours de marche à travers les
campagnes, des gens sont en voitures, en
charrettes, mais nous, nous sommes à pieds.
Parfois on croise des troupes Allemandes qui remontent vers
Caen pour se battre contre les Alliés qui ont débarqués, mais c’est très
dangereux car des bombes éclatent à 100 mètres de nous par ce que les avions
des Alliées les visent…
A chaque village où l’on s’arrête, on nous force à continuer
de partir et de descendre vers le sud encore et encore. C’est interminable.
Les conditions sont terribles, on ne se lave pas, on mange
très peu, on dort sur de la paille ou même parfois sur le sol…
Après plusieurs jours de marche on arrive vers la Loire, on
la traverse lorsque l’on arrive à Orléans, mais à cause des orages l’eau a
beaucoup monté, un pont de bois est
installé pour la traverser car l’ancien a été détruit par les bombardements.
Par endroit il faut traverser à pied, par l’eau, mais vue que
je n’ai pas pied, un monsieur me prend sur ses épaules pour traverser.
Papa porte tous les sacs en faisant attention de ne pas les
mouiller, maman elle porte Joel dans ses bras. Grand père et grand-mère
s’entraident pour faire attention de ne pas tomber.
Apres plusieurs semaines, on arrive enfin en Charentes
Maritime, plus exactement à Chalais, il fait beau, chaud c’est le paradis.
Nous nous installons dans une grande maison située à cotée
d’une grande ferme, ou un garçon de mon âge y vit.
Je m’entends bien avec lui, on joue souvent ensemble, il
court tout le temps derrière les jards mais moi ça me fais peur !
Quelques semaines plus tard papa retourne à Caen pour
travailler et ramener de l’argent, nous on reste à Chalais.
Papa vient nous voir régulièrement, quand il n’a pas trop de
travail, mais aujourd’hui il m’a ramené un cadeau ! C’est une poupée en
chiffon que nos voisines de Caen ont fabriquée je suis super heureuse car je
n’avais aucun jouet et ça me rassure car ça veut dire qu’elles sont vivantes…
Quelques mois plus tard, l’Armistice est signée c’est la fin
de la guerre, papa est venu nous chercher pour que l’on remonte tous ensemble à
Caen, en voiture cette fois ci.
Lorsque j’arrive à Caen, je suis choquée, toute la ville est
détruite, la boulangerie, l’épicerie, tout est abimé, tout a changé c’est
horrible, mon école est littéralement détruite, mais seulement quelques maisons
sont en bon état, comme la nôtre et celle de nos voisines, avec grande chance.
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